
LR et immigration : le syndrome de Copenhague
Sophie Coignard | 24 mai 2023
CHRONIQUE. Ce n'est pas le syndrome de Stockholm, mais celui de Copenhague qui saisit les dirigeants de droite, soucieux d'y trouver la pierre philosophale.
Éric Ciotti, le président de LR, s’est envolé ce mardi pour Copenhague afin d’étudier la politique de « réduction drastique des flux migratoires » mise en œuvre par les gouvernements danois successifs, de droite comme de gauche, depuis une vingtaine d’années. On peut se demander pourquoi il n’a pas effectué ce voyage avant de présenter deux propositions de loi sur l’immigration, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire, même à l’envers.
Plus étonnante est la nouvelle et puissante fascination de la droite française pour la politique d’immigration menée par le royaume scandinave. Après le syndrome de Stockholm, qui a sévi quand certains LR avaient les yeux de Chimène pour leur tortionnaire Emmanuel Macron, résolu à leur fracturation, voici donc le syndrome de Copenhague. La droite n’est pas la seule concernée. Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a lui aussi sacrifié au pèlerinage vers le nord, il y a quelques jours. Il n’a pas manqué de médiatiser cette visite mais, en conclusion, il est difficile de savoir s’il en est revenu ébloui ou dubitatif.
Les politiques se rendent désormais au Danemark pour dialoguer avec les artisans de la politique migratoire comme, il y a dix ou quinze ans, ils allaient en Finlande pour observer de près les modalités de son miracle éducatif. On ne compte plus les délégations parlementaires qui ont ainsi découvert Helsinki et les établissements scolaires modèles de la campagne nordique. Les bienfaits de cet engouement sur les performances de l’éducation nationale n’ont malheureusement jamais été démontrés.
Une extrême droite réduite à 2 % des suffrages
À la lecture de la note passionnante consacrée à la politique migratoire danoise publiée par la Fondapol en janvier dernier, on comprend mieux l’intérêt marqué que manifeste actuellement la droite française. En quelques années, le parti populiste – comparable au RN en France –, qui avait le vent en poupe dans ce royaume de 6 millions de sujets, est passé de 22 % à 2 % des suffrages, par le biais de réformes toujours plus restrictives, conduites par la droite comme par la gauche sociale-démocrate.
Les trois axes qui structurent celles-ci n’ont jamais varié : « Une réduction drastique des flux migratoires, un programme d’intégration exigeant, un accès à la nationalité rendu difficile. » Et l’argument puissant qui les justifie, celui de l’État-providence, constitue un des ciments de la société danoise : « Plus une société voudra être ordonnée autour du principe de la solidarité et de la justice sociale, plus son bon fonctionnement dépendra d’un haut niveau de cohésion sociale et donc de son homogénéité culturelle », explique la note de la Fondapol. La cohésion sociale et l’homogénéité culturelle, deux prérequis difficiles à importer dans l’Hexagone.
Fondation pour l’innovation politique, La politique danoise d’immigration: une fermeture consensuelle, janvier 2023

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