Y aura-t-il encore des électeurs au printemps ?

Sébastien le Fol | 02 décembre 2021

Aujourd’hui, occuper des ronds-points ou harceler sur les réseaux semble plus efficace que déposer un bulletin de vote dans l’urne un dimanche.

Près de 150 000 Français devraient contribuer au choix du candidat des Républicains à la présidentielle. Soit l’équivalent de la population d’Angers ou de Dijon. 4,4 millions d’électeurs avaient participé en 2017 à la primaire de la droite et du centre.

Combien de Français iront voter au printemps ? La participation se réduit comme peau de chagrin. Aux municipales de juin 2020, plus de 27 millions d’électeurs ne s’étaient pas déplacés (58,4 % d’abstention). Un an plus tard, lors des élections départementales et régionales, 31 millions ont fui les urnes (66,7 % des inscrits).

A-t-on pris la mesure de cette désertion civique ? De ce spleen démocratique ? On peut en douter. Notre vie politique subit un processus que le politologue Dominique Reynié qualifie de « désinstitutionnalisation ». Les oppositions s’expriment de plus en plus hors du cadre institutionnel. Zadistes, écologistes radicaux, militants intersectionnels et décoloniaux, mouvements identitaires, Gilets jaunes…

On fauche, on occupe des ronds-points, on interrompt des conférences, on déboulonne des statues, on harcèle sur les réseaux sociaux… C’est bigrement plus efficace que le dépôt d’un bulletin de vote dans l’urne un dimanche.

Tous ces militants ne sollicitent aucun suffrage, ne votent même pas, méprisent les règles démocratiques. Pourquoi agiraient-ils autrement ? C’est ainsi qu’ils se font entendre !

Les minorités imposent leur loi. A contrario, les citoyens constatent la dépréciation de leur vote. Ils se prononcent majoritairement, lors d’un référendum, pour la construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes ? On n’en tient nullement compte. D’où le sentiment, légitime, que les minorités imposent leur loi, et se substituent aux représentants de la nation.

« L’abstention massive résulte d’un déclassement du suffrage lui-même », résume Dominique Reynié. Certains partis d’opposition y contribuent d’ailleurs en fustigeant l’« illégitimité » du pouvoir élu et en criant à la dictature.

Près de 30 millions d’électeurs sont dans la nature. Qui ramènera sur le chemin du bureau de vote ce troupeau égaré ? Il reste à peine cinq mois pour le convaincre. C’est lui qui pourrait bien faire le prochain roi.

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