La politique connectée : élaboration collaborative et suivi dynamique des lois et des politiques publiques.
14 mai 2018
La société connectée : pour un nouvel écosystème numérique.
« Le choc qu’occasionne la confrontation entre l’économie numérique et l’économie traditionnelle a complètement bouleversé et bouleversera encore bien plus le commerce, les structures institutionnelles ainsi que les grandes représentations qui ont façonné les sociétés occidentales. (…) La société connectée ne se contente pas de faire un constat critique mais avance des pistes, des solutions possibles, pour que la rupture anthropologique que constitue le numérique se fasse au profit de l’humain – le consommateur aussi bien que le citoyen – et non pas contre lui ». Julien Cantoni, auteur de « la société connectée »croit en la complémentaritéde l’économie traditionnelle et de l’économie numérique, posant les fondements d’un nouvel écosystème, où les fonctions politique et sociale sont fortement impactées. Au-delà du constat et de la critique, l’essai esquisse les perspectives d’un changement implacable pour nos sociétés, aussi violent qu’inévitable.
Les grands principes de l’économie numérique.
S’il fallait retenir un ouvrage posant les bases de l’économie numérique, une des références majeures seraient certainement « La longue traîne »de Chris Andersonqui identifie les trois forces principales, moteurs de l’économie numérique : la démocratisation des moyens de production, de distribution, et enfin la connexion en temps réel de l’offre à la demande. Des ressources toujours plus accessibles, des équipements miniaturisés et peu couteux, une appropriation des techniques et du management des entreprises par les particuliers… Autant de facteurs qui témoignent d’un basculement qui affecte aussi la distribution. « Les modes d’acquisition des produits n’ont cessé de se perfectionner et de se diversifier. Les sites marchands tout d’abord ont permis de développer un e-commerce qui n’a cessé de croître (…), l’automatisation et le raccourcissement de la chaîne logistique lié à la démocratisation des moyens de production favorisent leur distribution à moindre coût ». La vraie révolution numérique, c’est en fait celle de la mise en réseaux des consommateurs, des particuliers et des entreprises, mais aussi la connexion des solutions logistiques aux solutions logicielles.
Illustrations concrètes de l’économie connectée : marketing, finance, production, distribution… Un seul maître mot : le « crowdfunding ».
C’est à travers la mutation des infrastructures opérée sur l’ensemble de l’économie, y compris sur les PME que l’économie connectée effectue sa métamorphose. Les plateformes collaboratives sont un élément central de cette évolution. Elles proposent tantôt des infrastructures de réseau en ligne (cloud computing), la mise en ligne de documents ou de vidéos (knowledge as a service), ou encore du conseil « online » et « offline » aux entreprises (consulting as a service). Ce mouvement profite également aux PME qui peuvent acquérir, à la demande, des équipements jusque là réservés aux grands groupes mondiaux, le tout dans un contexte de baisse généralisée des tarifs, à l’image d’Amazon, toujours plus compétitif dans ses frais et délais de livraison. D’un point de vue social, les plateformes peuvent accélérer la suppression de nombreux emplois administratifs, dans un mouvement de débureaucratisation. Et bien que ces emplois ne soient pas totalement remplacés, ils seront en partie compensés, par des emplois plus qualifiés et par plus de mobilité professionnelle.
Plusieurs initiatives de crowdfunding publicse sont montrées très efficaces dans la réhabilitation des politiques publiques ; d’autres stimulent la vie démocratique grâce à l’élaboration collaborative du processus législatif. « La révolution numérique change les choses à double titre : techniquement, elle facilite l’expression et la prise en compte d’opinions diverses et variées de façon très efficace. Mais surtout, elle habitue les citoyens à agir au quotidien, à donner leur avis, à ne pas rester dans des cadres très hiérarchisés (…) la demande de prise en compte de tout un chacun est ravivée, alors même que le personnel politique, censé être le plus qualifié, s’enferme dans des querelles stériles ». Dans un avenir très proche, la crédibilité d’un gouvernement reposera immanquablement sur son aptitude à identifier les sujets à soumettre, dans le cadre d’un processus participatif, référendaire ou parlementaire. Il en va de la vitalité démocratique d’un état, de son autorité, et enfin de la stabilité de ses institutions.
Développement de la personne : éducation, travail, pensée pragmatique et complexe, à l’ère connectée.
Les mutations profondes induites par la puissance numérique soulèvent des enjeux qui concernent tout autant les systèmes éducatifs, que la formation professionnelle ou universitaire. Les citoyens devront par ailleurs se préserver de nouvelles menaces, comme l’intensité informationnelle, dont les risques additionnels au numérique sont une des expressions. « Cela demandera à ce que de nouveaux codes sociaux se mettent en place pour ne pas submerger son entourage de sollicitation numérique ». Pour Julien Cantoni, le système éducatif gagnera à promouvoir l’enseignement technique, sans intermédiation « technicienne ». Pour gagner en caractère opérationnel, à travers un mentorat hérité du patronage des confréries, la transition sera nécessaire, d’un peer-to-peer virtuel, au pair à pair naturel. Ces considérations morales et philosophiques transformeront notre société, « et les méthodes agiles, le travail collaboratif sont là pour nous montrer que ces apports produisent des effets concrets dans notre vie de tous les jours, au travail comme dans notre vie privée ».
Farid Gueham
Pour aller plus loin :
– « L’économie numérique contre l’économie traditionnelle », francetvinfo.fr
– « La Longue Traîne : La nouvelle économie est là ! »,Chris Anderson
– « Les collectivités à l’heure du crowdfunding », lagazettedescommunes.com
Photo by Joshua Sortino on Unsplash
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