I.

Contre l’écologisme règlementaire, bureaucratique et décroissant, l’aspiration à une écologie positive

1.

Les Français sont sensibles aux enjeux environnementaux …

2.

L’écologisme est un groupe politiquement et socialement limité

3.

L’écologisme : forte médiatisation, faiblesse électorale

4.

L’opinion est dans l’attente d’une écologie positive

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I Partie

Contre l’écologisme règlementaire, bureaucratique et décroissant, l’aspiration à une écologie positive

Par Dominique Reynié (directeur de la Fondapol)

L’enquête réalisée par l’institut Verian pour L’Hémicycle et que la Fondapol est invitée à commenter a été conçue dans le cadre de la Rencontre des entrepreneurs de France (REF) des 27 et 28 août 2025. Ses principaux résultats peuvent être résumés en deux enseignements et une leçon capitale.

En premier lieu, l’enquête montre que si les Français sont sensibles aux enjeux environnementaux, ils rejettent l’expression idéologique et radicale qu’en donne l’écologie politique dans sa forme actuelle que nous appellerons ici « écologisme ».

En second lieu, les opinions recueillies révèlent en creux l’attente d’une écologie alternative, ce que la Fondapol désigne comme une « écologie positive ».

Enfin, la principale leçon de cette étude est de mettre en lumière un fait dont on sait l’existence mais qui reste pourtant négligé et peu traité : dans l’opinion publique française, une large adhésion à l’écologie cohabite avec un rejet massif de l’écologisme.

1

Les Français sont sensibles aux enjeux environnementaux …

La préoccupation des Français pour les questions environnementales ne fait pas de doute. L’étude Verian confirme ce qui a déjà été montré par des enquêtes d’opinion antérieures. En elle-même, la cause environnementale préoccupe les Français. C’est ainsi que l’on relève ici qu’une majorité (57%) des personnes interrogées dit avoir « une bonne image des associations ou mouvements écologistes ». Cette image positive est plus répandue encore parmi les Français qui se situent à gauche (extrême gauche, LFI, EELV, PC, PS), chez les jeunes âgés de 18 à 24 ans, chez les femmes et dans les catégories sociales supérieures, et d’autant plus positive que la taille de la commune de résidence est plus grande.

… mais ils rejettent l’écologisme auquel ils adressent de sévères critiques.

Le rejet de l’écologisme s’exprime dans le très haut niveau d’opposition à l’excès de normes, à la bureaucratisation et au fiscalisme auxquels l’écologie politique est désormais associée.

a) L’écologisme génère une profusion de normes

Les deux tiers (66%) des personnes interrogées répondent qu’« il y a en France trop de normes environnementales pour les entreprises ». Dans un environnement économique ouvert, l’écologisme est perçu comme un handicap pour nos entreprises. Pour la plupart (67%) des répondants, « les normes environnementales fragilisent l’industrie française en la rendant moins compétitive par rapport à d’autres pays ». De même, pour les trois quarts (73%) des répondants, « les normes environnementales imposent des contraintes administratives trop importantes aux entreprises ».

De manière générale, quelle image avez-vous des associations ou mouvements écologistes ?

Source :

Verian – août 2025

Êtes-vous d’accord avec chacune des affirmations suivantes ?

Source :

Verian – août 2025

Êtes-vous d’accord avec chacune des affirmations suivantes ?

Source :

Verian – août 2025

Êtes-vous d’accord avec chacune des affirmations suivantes ?

Source :

Verian – août 2025

b) L’écologisme favorise la bureaucratisation de la société

C’est notamment en raison de sa dérive normativiste que les politiques écologiques sont assimilées à un processus de bureaucratisation de la société. Pour 75% des répondants, « les normes environnementales sont révélatrices d’une bureaucratie trop importante ».

c) L’écologisme prône la création de nouveaux impôts

L’écologisme est assimilé à un fiscalisme. Inventer une « fiscalité verte » ne dissimule pas le fait qu’il s’agit d’un impôt supplémentaire. L’excès de fiscalité, aujourd’hui si profondément ressenti dans le pays, sonne le glas d’une « fiscalité verte ». L’écologisme en est pénalisé dès lors que ses promoteurs veulent, eux aussi, recourir à la hausse des prélèvements obligatoires. La fiscalité écologique est rejetée. Elle est non seulement comprise comme un impôt supplémentaire, mais aussi comme un impôt injuste : pour 62 % des répondants « la fiscalité verte » est « un outil injuste qui pèse d’abord sur les classes moyennes, rurales ou défavorisées » (contre 38% qui y voient « un outil qui permet de faire contribuer tous les Français de manière juste en prenant en compte leurs comportements et habitudes »).

En conséquence, la fiscalité identifie l’écologisme à une cause de paupérisation et d’insécurité économique. Pour la majorité des Français (55%), la fiscalité verte est « une contrainte inefficace qui culpabilise sans offrir d’alternatives concrètes ».

Enfin, l’opinion publique tend à déceler dans la fiscalité verte un moyen détourné de poursuivre l’augmentation des impôts dans un climat d’hostilité croissante à la pression fiscale, moyen imaginé par des élites administratives et politiques en difficulté par suite des échecs des gouvernements successifs, notamment sur le plan financier.

d) L’écologisme est l’une des formes de la radicalité politique

Sous l’effet de l’écologisme, la gestion publique des enjeux environnementaux a été détachée de la science et de l’innovation : 87% des personnes interrogées estiment que « les mouvements ou associations écologistes en France manquent parfois de lien avec les réalités du terrain, en tenant des positions trop idéologiques ». Dans des proportions comparables (81%), les personnes interrogées estiment que « l’écologie est devenue un sujet de société, plus que de science ». De même, quand des mouvements écologistes s’opposent à des projets industriels, c’est « plutôt sur des positions et des principes idéologiques » (65%) que « sur des données et des discours scientifiques » (35%).

Êtes-vous d’accord avec chacune des affirmations suivantes ?

Source :

Verian – août 2025

En France diriez-vous que la fiscalité verte est…

Source :

Verian – août 2025

En France diriez-vous que la fiscalité verte est…

Source :

Verian – août 2025

En France diriez-vous que la fiscalité verte est…

Source :

Verian – août 2025

Parmi les affirmations suivantes concernant les mouvements ou associations écologistes en France…

Source :

Verian – août 2025

Voici plusieurs idées couramment exprimées dans le débat public. Dites pour chacune si vous êtes d’accord ou non…

Source :

Verian – août 2025

Quand des mouvements écologistes s’opposent à des projets industriels, diriez-vous qu’ils s’appuient…

Source :

Verian – août 2025

Parmi les affirmations suivantes concernant les mouvements ou associations écologistes en France…

Source :

Verian – août 2025

L’opinion publique voit dans l’écologisme un radicalisme politique aux conséquences socialement injustes et économiquement dangereuses : 86% des répondants estiment que l’opposition systématique des écologistes « à certains projets ralentit des initiatives pourtant utiles pour l’économie ou les territoires ».

e) L’écologisme est perçu comme un pouvoir auto-institué et auquel l’idée démocratique suppose d’opposer un contre-pouvoir

Ainsi, pour les trois quarts des personnes interrogées (75%) « les normes environnementales sont révélatrices d’une bureaucratie trop importante ». Pour 91% d’entre elles, « les normes environnementales sont nécessaires mais doivent être encadrées ». Cette réponse quasi unanime exprime la dénonciation d’un écologisme agissant puissamment sans légitimité électorale correspondante, et basculant donc dans un dirigisme, voire un autoritarisme administratif et règlementaire. Les normes environnementales sont perçues comme un pouvoir qui mérite un contre-pouvoir, un « encadrement », c’est-à-dire des limites à la puissance du normativisme écologiste.

Êtes-vous d’accord avec chacune des affirmations suivantes ?

Source :

Verian – août 2025

2

L’écologisme est un groupe politiquement et socialement limité

L’enquête confirme la coupure, voire la rupture entre une petite minorité de Français, assimilée à un particularisme social, si ce n’est une sorte d’élite sociale, soutenant cet écologisme bureaucratique et anti-économique, et le reste de la société qui le rejette : pour 60% des personnes interrogées « la cause environnementale est d’abord une préoccupation de citadins déconnectés de la réalité des Français ».

Si la majorité (57%) des Français ont « une bonne image des associations ou mouvements écologistes », ce jugement positif est largement contrasté par le fait que c’est aussi une majorité qui voit dans ces mouvements « un contre-pouvoir bloquant » (51%) plutôt qu’un « contre-pouvoir constructif » (49%), ou qui considère que « les associations environnementales en France sont plutôt radicales » (55%) et non pas « responsables » (45%) ; qu’elles sont « motivées par leur agenda idéologique » (60%) plutôt que « par l’intérêt général » (40%) ; qu’elles sont « opaques sur leurs financements et leurs réseaux d’influence » (66%) plutôt que transparentes (34%).

Finalement, l’écologisme est vu comme un mouvement antidémocratique. C’est ce que montre l’adhésion à l’opinion selon laquelle les mouvements écologistes « tentent souvent d’imposer leurs convictions par la pression médiatique et judiciaire, sans passer par le débat démocratique » (84%).

Êtes-vous d’accord avec chacune des affirmations suivantes ?

Source :

Verian – août 2025

À vos yeux, les associations environnementales en France sont-elles plutôt…

Source :

Verian – août 2025

À vos yeux, les associations environnementales en France sont-elles plutôt…

Source :

Verian – août 2025

À vos yeux, les associations environnementales en France sont-elles plutôt…

Source :

Verian – août 2025

À vos yeux, les associations environnementales en France sont-elles plutôt…

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Verian – août 2025

Parmi les affirmations suivantes concernant les mouvements ou associations écologistes en France…

Source :

Verian – août 2025

3

L’écologisme : forte médiatisation, faiblesse électorale

Notes

1.

Dominique Reynié, Tsunami dans un verre d’eau. Regard sur le vote Europe Écologie – Les Verts aux élections municipales 2014 et 2020 dans 41 villes de plus de 100.000 habitants. (Fondapol, juillet 2020, 44 pages). [En ligne]

+ -

L’écologisme politique est aujourd’hui l’un des meilleurs exemples de distorsion entre la visibilité médiatique d’un discours politique et les performances électorales dont il peut se réclamer. En effet, le rejet de l’écologisme est attesté depuis longtemps, non principalement par des enquêtes d’opinion mais par des résultats électoraux qui en attestent de manière réitérée.

Compte tenu du rôle de l’élection présidentielle dans notre système politique, nous pouvons ici la considérer comme le témoignage principal. En effet, depuis 1965, on constate aisément que les 8 candidatures écologistes qui se sont succédé n’ont pu produire qu’un score moyen de 3,2% des suffrages exprimés, soit 2,5% des électeurs inscrits. Sur le plan électoral, l’écologisme politique est donc resté marginal dans le pays, n’accédant vraiment au pouvoir que dans quelques villes seulement ou n’ayant qu’un rôle d’appoint arithmétiquement indispensable dans certaines coalitions fragiles, rôle négocié contre des pièces clés de son programme. Dans ce type de configuration, l’écologisme offre une illustration de la théorie de la tyrannie des minorités. Une distorsion aussi ancienne, constante et nette entre le pouvoir d’influence politique et médiatique dont a pu tirer profit un courant politique électoralement marginal est certainement l’une des causes du procès en illégitimité de l’écologisme mais aussi plus fondamentalement l’une des sources de la critique montante du dysfonctionnement de la démocratie s’il apparaît ainsi au grand jour que la norme et les contraintes peuvent être décidées, définies et imposées par d’étroites minorités électorales. En d’autres termes, la question se pose de savoir pourquoi, ou à quel titre, un courant électoralement insignifiant, et depuis si longtemps, parvient à bénéficier d’une considération politique et médiatique que l’on pensait réservées à de grands partis ou à de grands électorats1.

4

L’opinion est dans l’attente d’une écologie positive

Contre l’écologisme, les Français aspirent à une politique environnementale réaliste. Les résultats de cette enquête témoignent de cette aspiration à une conception de l’environnement plus modérée, à une écologie positive et non punitive, à une écologie de prospérité et non de décroissance, bénéfique à l’économie du XXIe siècle, ouverte et innovante. Le contenu d’une écologie positive se lit en creux dans le type de politique environnementale que récuse la majorité des répondants.

a) Une demande d’écologie scientifique et pragmatique

Une très large majorité (81%) pensent que « l’écologie est plus un sujet de société que de science », et 65% affirment que les « mouvements écologistes s’opposent à des projets industriels en s’appuyant [davantage] sur des positions et principes idéologiques » que « sur des données et des discours scientifiques » (35%). Ils sont plus nombreux encore (87%) à soutenir que « les mouvements ou associations écologistes en France manquent parfois de lien avec les réalités du terrain, en tenant des positions trop idéologiques ». De même, la plupart (78%) des répondants considèrent que « l’écologie devrait davantage s’adapter aux réalités économiques et industrielles ». La thèse d’une incompatibilité entre la croissance économique et l’écologie affaiblit considérablement l’industrie, mais elle menace tout aussi sûrement l’écologie politique. Les vives tensions qui commencent à se manifester, en cette fin d’été 2025, à propos des ajustements commandés par la situation budgétaire du pays montrent assez le refus de renoncer au niveau de vie acquis dans nos sociétés développées, en quelques décennies, grâce à une économie de marché et aux entreprises, petites, moyennes et grandes, qui la font vivre.

Voici plusieurs idées couramment exprimées dans le débat public. Dites pour chacune si vous êtes d’accord ou non…

Source :

Verian – août 2025

Notes

2.

Pour approfondir ces points, il faut se reporter à la 16e vague (2025) du baromètre annuel du CEVIPOF sur la confiance en politique. Il fait état d’un très haut niveau de confiance envers les entreprises (62%), et en particulier à l’égard des PME (76%). Vis-à-vis des partis politiques, c’est l’inverse, avec la défiance qui domine (82%). En second lieu, on voit dans cette étude que les Français jugent que « le système scolaire est trop éloigné du monde de l’entreprise » (79%) et que « les entreprises devraient contribuer à la formation continue des enseignants » (71%). Enfin, les Français sont favorables à ce que l’on laisse « plus de liberté » pour les entreprises avec moins de réglementation (60%). Cette large enquête vient donc confirmer la grande proximité des Français avec le monde de l’entreprise et l’immense défiance que suscitent le monde des partis politiques auquel appartiennent les militants de l’écologisme. Baromètre de la confiance politique CEVIPOF 2025 [en ligne]

+ -

b) Pour une écologie d’entreprise, de croissance et de marché

Une nette majorité (70%) approuve l’idée forte selon laquelle « l’écologie devrait s’adapter à la réalité industrielle ». C’est pourquoi les deux tiers des répondants (67%) considèrent que dans un monde économique ouvert « les normes environnementales ne devraient pas fragiliser l’industrie française en la rendant moins compétitive par rapport à d’autres pays. » L’écologie positive doit s’inscrire dans le cadre d’une économie ouverte et non pas chercher à la combattre ou à s’y opposer.

Les deux tiers des Français estiment que cela passe d’abord par la réduction du nombre de normes (66%) et les trois quarts (73%) qu’il faut aussi alléger ces normes qui « imposent des contraintes administratives trop importantes aux entreprises ». Enfin, opposés à une politique de normes uniformisantes, 81% des Français interrogés jugent au contraire que « les normes environnementales devraient être différenciées selon les secteurs d’activité des entreprises ».

C’est le sens de la critique très largement partagée dans l’opinion publique (69%) selon laquelle « les industriels sont souvent traités comme des boucs émissaires », c’est aussi le sens du soutien massif (88%) à l’idée que « Le dialogue entre écologie et industrie est possible, mais encore trop rare ». C’est pourtant ce dialogue qui peut sauver l’économie et l’écologie de l’écologisme2.

Êtes-vous d’accord avec chacune des affirmations suivantes ?

Source :

Verian – août 2025

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Verian – août 2025

Voici plusieurs idées couramment exprimées dans le débat public. Dites pour chacune si vous êtes d’accord ou non…

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Verian – août 2025

Voici plusieurs idées couramment exprimées dans le débat public. Dites pour chacune si vous êtes d’accord ou non…

Source :

Verian – août 2025

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