Elon Musk : Tesla, Paypal, SpaceX : l’entrepreneur qui va changer le monde
01 août 2018
« Elon Muskfait partie de ceux qui changent les règles du jeu. Largement considéré comme le plus grand industriel du moment, (…) à 44 ans, il a monté en quelques années une entreprise, Tesla, qui révolutionne l’industrie automobile, une autre, SpaceXqui concurrence Arianespace. Il a auparavant bouleversé le marché des paiements avec Paypal. Son objectif ultime : coloniser Mars ». Ashlee Vance, journaliste et spécialiste des technologies de la Silicon Valley est fasciné par le parcours et le génie, reconnu ou non, du businessman dont l’ascension est aussi fulgurante que mouvementée.
Le monde d’Elon.
Lorsqu’Ashlee Vance rencontre Elon Musk pour la première fois, ce dernier lui exprime clairement son souhait de ne pas collaborer à la réalisation d’un ouvrage biographique. « Il était prêt à coopérer à condition de lire le livre avant publication et de pouvoir y ajouter des annotations. Il ne toucherait pas à mon texte mais voulait faire valoir sa position immédiatement si quoi que ce soit lui paraissait inexacte. J’avais compris d’où cela venait. Musk réclamait un droit de regardsur l’histoire de sa vie ». Mais toute enquête sur Elon Musk devait nécessairement commencer au siège de SpaceX à Haythorne en Californie. Deuxphotosgéantes de Mars décorent un bureau plutôt étroit : l’une représente la planète rouge telle qu’elle est aujourd’hui, l’autre la version rêvée d’Elon Musk, une planète réchauffée, recouverte d’un épais tapis végétal, d’océans, un pense-bête « pour échapper au scénario du pire et à l’extinction de la conscience humaine » confesse l’entrepreneur.
La première startup d’Elon.
Lors d’un roadtrip à travers les Etats-Unis avec son frère Kimbal, Elon Musk a une idée : un réseau médical en ligne. « Son ambition n’allait pas jusqu’aux dossiers électroniques, il servirait plutôt à la collaboration et aux échanges d’informations entre médecins ». Le secteur médical paraissait être de ceux où une innovation de rupture était possible, « mais ça n’a pas marché », regrette Kimbal. Les frères allaient créer leur startup, Global Link Information Network, rebaptisée Zip2 : « pour expliquer le concept, Musk disait souvent que tout le monde a le droit de savoir où se trouve la pizzeria la plus proche et comment s’y rendre. Cela peut sembler évident de nos jours – pensez à Yelpconjugué à Google Maps– mais à l’époque, même les fanatiques n’avaient pas encore rêvé d’un tel service »,rapporte Ashlee Vance. Mais voilà, le management et la gestion des ressources les humaines ne sont pas le fort de Musk. S’il voulait être un leader, les gens avaient du mal à l’imaginer dans le costume de PDG. Déterminé, il avait décidé de prouver à tous qu’ils avaient tort.
Le boss de la mafia PayPal.
Après la vente de Zip2, Musk avait gagné en confiance, « il avait dompté la Silicon Valley, il était un de ceux que tout le monde voulait être à l’époque : un dotcom millionnaire ». Avant l’avènement de PayPal, deux startups, X.com et Confinity étaient engagées dans une concurrence féroce pour la conquête du secteur des paiements par le web et par courrier électronique. Cette rivalité fut pour Musk une opportunité de taille. PayPal en était à ses balbutiements et sa trésorerie aux aboies, du fait des primes versées aux nouveaux clients. Après la fusionde X.com et Confinity sous la bannière PayPal, Musk est débarqué du poste de PDG par son conseil d’administration. « En juin 2001, l’influence d’Elon sur l’entreprise s’évaporait rapidement. Musk laisse rarement un affront impuni. Mais dans tout ce calvaire, il montra une retenue incroyable ». L’épisode PayPal eut du bon et du mauvais pour Musk qui empochait 250 millions de dollars, lorsqu’en 2012, Ebaypropose de racheter l’entreprise. Mais au lendemain de la cession, sa réputation de leader avait clairement été mise à mal. Son pécule en poche, il comptait néanmoins réaliser ses rêves les plus fous.
La revanche de la voiture électrique.
Tesla ne s’est pas contenté de devenir une des stars de l’industrie américaine moderne, elle a aussi anéanti ses rivaux les plus proches. « Fisker automotivedéposa le bilan et fut acheté par un équipementier chinois en 2014. (…) Better Place, une autre start-up qui avait attiré encore plus de superlatifs que Fisker et Tesla réunis, avait levé près d’un milliard de dollars pour construire des voitures électriques et des stations d’échange de batteries. Elle fit faillite en 2013 sans avoir presque rien produit ». La voiture électrique n’était pas l’eldorado ni le secteur le plus prisé du capital-risque. Mais dans la marée des nouveaux constructeurs, la force et la spécificité de Tesla résidaient dans « sa volonté de réaliser sa vision sans compromis, sa détermination à concrétiser les exigences de Musk », affirme Ashlee Vance.
La théorie du champ unifié d’Elon Musk.
A l’occasion du festival Burning Manaccompagné de ses deux cousins, les frères Rives, Elon Musk commence à envisager les opportunités de l’industrie solaire, mais ce fut lors de la conférence Solar Power Internationalqu’ils mirent le doigt sur ce a quoi pouvait ressemblait réellement leur modèle économique. Avant toute chose, il fallait rendre l’achat de panneaux solaires plus accessible, même pour le grand public. En 2006, les frères Rives lancent Solar City. Six ans plus tard, l’entreprise était le premier installateur de panneaux solaires des Etats-Unis.« SolarCity, comme les autres initiatives d’Elon, ne représentait pas tant une opportunité commerciale qu’une vision du monde. (…) SolarCity était en outre une pièce capitale de ce que l’on pourrait appeler la théorie du champ unifié de Musk. Toutes les entreprises de celui-ci sont interconnectées à courts et moyens termes. Tesla fabrique des batteries que SolarCity peut vendre à ses clients. SolarCity fournit les panneaux solaires des stations de recharge où les conducteurs de Tesla peuvent s’approvisionner gratuitement, etc… ». SolarCity a acheté un nouveau laboratoire de recherche et développement près de l’usine Tesla dans la Silicon Valley et Tesla continu la construction de sa Gigafactorydans le Nevada, doté d’un réseau de superchargeurs qui a fait économiser près de quinze millions de litres d’essence au groupe. Elon Musk se réinvente continuellement, à l’image de son personnage de dessin animé, dans un épisode des Simpsonintitulé « The Musk Who fell to Earth ». Ses projets fantasques sont devenus son moteur, son addiction « au point qu’il ne puisse s’empêcher d’annoncer des engins comme l’hyperloopet l’internet spatial ».Dur et distant en apparence, il nourrit une préoccupation sincère pour l’avenir de l’espèce humaine selon Ashlee Vance, « sans toujours admettre les désirs et les besoins des individus. Et il se pourrait que cela en fasse exactement le type de personne capable de concrétiser l’internet spatial ».
Farid Gueham
Pour aller plus loin :
– « Elon Musk reportedly gave his assistant a 2-week test when she asked for a big raise — what happened to her is an important career lesson », businessinsider.fr
– « Les suites en avant d’Elon Musk », libération.fr
– Présentation du projet « hyperloop », spacex.com
– « Internet par satellite : SpaceX se prépare pour 2019 », futura-sciences.com
Photo by Andy Beales on Unsplash
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