L’émergence d’un islam spirituel et progressiste, encouragée par les auteures de cette note, est attendue par un grand nombre de Français musulmans. C’est une demande de liberté au sein de leur foi, qui offre les jalons d’un cheminement spirituel nourri par la modernité. Cette vision s’inscrit dans le projet d’un lieu de culte, la mosquée Sîmorgh, qui consacrerait un certain nombre de principes fondateurs. Dans cette mosquée, les femmes sont imams et dirigent tous les offices, y compris celui des hommes. La prière rituelle y est mixte. Toute musulmane et tout musulman peut diriger la prière si elle ou il le souhaite. Il n’y a donc pas d’imam référent. Toute femme, y compris imam, est libre de porter ou non un voile. Tous les sermons sont en français, incitant à une véritable appropriation de l’islam par les Français musulmans, leur permettant une compréhension approfondie du discours en offrant la possibilité de passer les messages religieux au crible de l’esprit critique. Enfin, les musulmans de toute obédience y sont les bienvenus. Ce projet est porté par le mouvement Voix d’un islam éclairé (V.I.E.), fondé en septembre 2018 par les deux auteures de cette note et soutenant une conception d’un islam situé entre la fidélité à ses héritages et l’ouverture à l’avenir.
Eva Janadin et Anne-Sophie Monsinay sont cofondatrices de Voix d’un islam éclairé (V.I.E.) et porteuses du projet de la mosquée Sîmorgh. En 2017, Eva Janadin a cofondé l’Association pour la renaissance de l’islam mutazilite (ARIM) qui vise à faire découvrir ce courant théologique rationaliste. Anne‑Sophie Monsinay, disciple d’un maître issu d’une tradition mystique non dualiste (absence de séparation entre Dieu et l’être humain), intervient dans des conférences sur ces thématiques. Toutes deux administrent le groupe Facebook « Soufisme progressiste », pour engager l’islam dans le temps présent et offrir aux musulmanes et aux musulmans qui en ont besoin des espaces de dialogue libres loin de toute pression communautaire et familiale.
Commentaires
Votre démarche est intéressante et nécessite réflexion. Je pense que, sur le plan du progrès social, vous devriez lire les oeuvres et en particulier le tafsir d’ihsan Eliacik (en turc) qui a fondé le Mouvement des musulmans anticapitalistes de Turquie. Pour ce qui est de la mixité, les femmes priaient autrefois derrière les hommes non pas comme signe d’infériorité mais pour que les hommes ne soient pas tentés par elles (l’homme a toujours plus tendance à être ‘prédateur’) et surtout parce qu’elles arrivaient souvent plus tard et quittaient plus tôt la mosquée en raison de leur rôle envers les enfants, ce qui n’est pas du tout une marque d’infériorité. Sachez aussi que en Italie la conférence des imams d’Italie a élu une femme à sa tête car si elle estime que la tradition a réservé la direction de la prière mixte aux hommes, rien n’empêche en revanche qu’une femme dirige une assemblée d’hommes si elle est plus compétente sur le plan administratif et religieux. Donc, je pense qu’il est inutile de vouloir mettre un femme comme imam pour les hommes, en revanche une femme peut occuper un fonction supérieure en importance à celle d’imam car cela n’a jamais été interdit, de même qu’une femme peut très bien faire un darss à la mosquée devant un public mixte, avant ou après la hotba. Je pense aussi qu’il faut garder la prière et la hotba en arabe (en traduisant la hotba en français ici) car cela permet l’unité de la oumma dans le culte puisque chaque musulman voyageant partout dans le monde se retrouvera ainsi dans le même culte partout sur terre. D’autre part le coran est en fait intraduisible, il est donc souhaitable de pousser les fidèles à apprendre l’arabe ou tout au moins à ressentir son souffle. qu’on peut ensuite essayer de traduire un peu.